Mesdames et Messieurs, en vos titres et qualités, chers Collègues, chers Etudiantes et Etudiants, chers Amis et Amies de l’UMONS,

Nous voici réunis en ce lieu symbolique pour commémorer les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki par les Etats-Unis en août 1945 ! Précisément, il y a 77 ans, le 6 août 1945 à 8h15 du matin, le bombardier Enola Gay larguait la bombe à l’uranium Little Boy avec le triste bilan que nous lui connaissons, soit 145.000 morts à la fin 1945.. Le 9 aout, soit trois jours plus tard, la deuxième bombe atomique était larguée sur Nagasaki à 12h02 ; bombe au plutonium qui fera cette fois 70.000 morts fin 1945.

En ce jour d commémoration en hommage aux victimes de ces bombardements atomiques, ce n’est plus un devoir de souvenir qui doit nous investir mais bien un devoir d’action, celui d’interpeler, de mettre en garde, le devoir de mobiliser toutes les forces vives face à la menace de l’arme nucléaire, encore et toujours présente. En ce jour de commémoration, c’est un signal de détresse planétaire qu’il nous faut lancer. Personnellement, je dirais même de profonde inquiétude pour ne pas dire un cri de rage ! Cette commémoration est lourde de sens, tant nous voyons encore aujourd’hui la terrifiante fragilité de notre société. Faut-il mentionner la guerre en Ukra   inné et les menaces d’un démentiel recours à l’armement nucléaire ? Faut-il mentionner ce qui se déroule actuellement à et autour de l’île de Taiwan ?

Mesdames et Messieurs, permettez-moi de vous poser une question. Quelle pourrait être aujourd’hui, la perception de cette situation internationale par notre collègue le Professeur Pierre Piérart, Professeur de l’Université de Mons dans le cadre du Centre d’Ecologie Appliquée du Hainaut, et décédé en 2010 ? C’est précisément à lui, avec l’aide de différentes associations pacifiques – certaines sont représentées à ce jour, que nous devons la présence de ce Parc, qui porte le nom des survivants de ces deux bombardements. Ce Parc Hibakusha fut inauguré le 27 mai 1989. Ce lieu hautement symbolique – pour rappel,  unique en Europe, est précisément là pour se souvenir, pour informer et pour revivifier la nécessité d’abolir définitivement le recours aux armes nucléaires.

Oui, Mesdames et Messieurs, la situation géopolitique actuelle est particulièrement préoccupante et c’est un euphémisme ! Pas plus tard que ce lundi, lors de l’ouverture de la 10e conférence réunissant les 1914 pays signataires du traité de non-prolifération (TNP), le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Monsieur Antonio Guterres, a souligné l’importance du danger actuel. Permettez-moi de le citer :

« Aujourd’hui l’humanité est à un malentendu, une erreur de calcul près de l’anéantissement nucléaire…Nous avons été extraordinairement chanceux jusqu’à présent. Mais la chance n’est pas une stratégie ni un bouclier pour empêcher les tensions géopolitiques de dégénérer en conflit nucléaire ». Ce qui pousse Antonio Guterres d’ajouter, en évoquant précisément les crises actuelles dont l’invasion de l’Ukraine par la Russie, je le cite de nouveau :

« Eliminer les armes nucléaires est la seule garantie qu’elles ne seront jamais utilisées. Près de 13.000 armes nucléaires sont stockées dans les arsenaux à travers le monde.. .A un moment où les risques de proliférations grandissent et les garde-fous pour prévenir cette escalade faiblissent ».Et d’ajouter : « un tel danger nucléaire n’a pas été connu depuis l’apogée de la Guerre froide. » (fin de citation).

A l’Université de Mons, nous nous efforçons de jouer notre rôle, le rôle qui doit être celui d’une université, celui d’anticiper les mouvements de la société, les voir venir. L’Université doit agir, non pas comme un miroir, mais comme un observatoire de la société, une tour de guet qui prend de la hauteur et certainement pas une tour d’ivoire coupées des réalités de la société. L’université forme les citoyens de demain, ceux qui porteront notre futur. C’est dans ce contexte que l’Université de Mons a délibérément choisi de poursuivre et renforcer son implication au niveau du Parc Hibakusha ici sur notre campus de la Plaine de Nimy. Déjà en 2020, j’avais eu l’occasion d’annoncer notre volonté de réhabiliter le Parc Hibakusha en retrouvant le sens de sa création.

Plus que jamais, le Parc Hibakusha sera un lieu de sérénité et d’aspiration à la paix universelle. Pour y parvenir, nous avons fait appel à notre Faculté d’Architecture et d’Urbanisme et particulièrement à nos étudiantes et étudiants en fin de cycle de bachelier ! Je les remercie chaleureusement, ainsi que leur Professeur, notre Collègue Simon Blanckaert, pour leur travail de réflexion ayant abouti, deux ans plus tard, à ce remarquable projet de rénovation, de réhabilitation et surtout d’extension et de mise en valeur de notre Parc Hibakusha.

Avec la Ville de Mons, le collectif Hibakusha composé des différentes associations qui prendront la parole cet après-midi et notre Université, je suis convaincu que d’ici quelques mois le Parc Hibakusha, sous sa nouvelle conception, deviendra plus que jamais ce symbole de conscientisation par rapport aux risques que représente l’arme nucléaire et l’absolue nécessité de débarrasser la planète de leur présence. L’avenir de notre société en dépend plus que jamais !

Je terminerai mon intervention avec les propos du président de la 10ème Conférence TNP qui se tient donc actuellement au siège des Nations Unies à New York. Ainsi, l’Argentin Gustavo Zlauviven a déclaré : « Si nous avons appris quelque chose de la pandémie, c’est que les événements à faible probabilité peuvent se produire avec un préavis réduit ou sans préavis, avec des conséquences catastrophiques pour le monde. C’est la même chose pour les armes nucléaires » (fin de citation). Soyons-en pleinement conscients !

Mesdames et Messieurs, que ce moment de commémoration reste dans nos mémoires et que l’avenir puisse nous sourire et sourire aux générations qui nous suivront. Tel est mon vœu le plus cher ! Je vous remercie.

Prof. Philippe Dubois – 6 août 2022