Je rappelle à ceux qui ne connaissent pas notre mouvement que l’Association des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire s’est donné comme mission d’informer le grand public des dommages corporels suite à l’explosion et aux radiations d’une bombe nucléaire. Par son statut de médecin, celui- ci est bien placé pour décrire et prévenir les désastres d’un conflit nucléaire et avertir de son impact humanitaire.

Cette année est particulière car en plus de la menace de l’holocauste nucléaire et du réchauffement climatique, la pandémie du Covid s’est ajoutée aux grands fléaux qui mettent l’humanité en péril .

Ces trois agressions mondiales ont plusieurs points communs . Elles résultent toutes d’une activité humaine, elles ne respectent pas les frontières et doivent pour être combattues avoir l’accord unanime de toutes les nations.

Si le covid ne fait pas encore le poids à côté des armes nucléaire et du réchauffement planétaire, la pandémie n’a pas dit son dernier mot et il est probable qu’elle sera suivie par d’autres pandémies de gravité plus importantes car l’activité humaine et son exploitation industrielle des animaux favorisent les zoonoses et leur diffusion par transport aéroporté .

La gestion désastreuse de cette pandémie causée par un nationalisme égoïste «  du chacun pour soi » a conduit à une gestion désastreuse dans certains pays. Malgré les efforts héroïques des médecins ,des infirmiers et d’autres membres du personnel soignant, les gouvernements ont suivi chacun leur propre voie, certains allant jusqu’à nier la pandémie, d’autres faisant un travail contradictoire, enfin d’autres faisant un travail raisonnable pour endiguer la propagation de la contagion. La leçon à tirer pour combattre les épidémies à venir ne peut être qu’ une gestion sur le plan mondial avec une adhésion universelle.

De même pour le réchauffement climatique, on ne s’en sortira jamais si une partie de l’humanité est sceptique ou ne tient pas à contribuer à l’effort commun. Comme pour le covid, il exige que chacun s’entende et proscrit l’égoïsme de certains qui démotive les nations de bonne volonté. Malgré l’activisme des mouvements sociaux pour sauver la planète, les gouvernements nationaux ne sont pas en mesure de s’entendre sur les mesures correctives élémentaires . Pas de solution s’il n’existe pas une entente commune et une gestion planétaire de cette catastrophe en devenir.

Quant à l’abolition des armes nucléaire dont les médias ne se préoccupent que lors des anniversaires, elle est la plus inquiétante et l’horloge de la fin du monde vient d’être placée à 100 secondes avant minuit. Il n’y a pas de vaccin pour la guerre nucléaire . Après la guerre, pas de soins de santé surchargés, plus de personnel soignant . Nous n’avons que la prévention pour contrer ce fléau.

Il faut informer le grand public de la masse énorme d’argent qui est détournée des besoins vitaux comme la santé et l’enseignement pour poursuivre une course insensée aux armements. Les dépenses militaires mondiales ont atteint un record de 1,8 billions de dollars. Les neufs nations dotées de l’arme nucléaire ,à un coût énorme, sont actuellement occupées à produire une nouvelle génération d’armes nucléaires.

La crise du virus nous a appris que ces problèmes mondialisés qui ne respectent pas les frontières ont besoin d’une solution collective et coopérative. Mais nous pouvons et devons mettre fin aux armes nucléaires avant qu’elles ne nous mettent fin.

Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires offre la meilleure voix disponible pour aller de l’avant. Nous devons tenir compte des leçons du Covid et prendre cette voie tant que nous le pouvons encore.

Philippe de Salle – 8.8.2020