Intal est un mouvement qui lutte pour la paix, la justice, l'égalité et qui souhaite faire de la société un développement souverain un élément central. Aujourd'hui, l'Intal souhaite partager ses réflexions.  

Ce mois d’août précisément, cela fait 75 ans que les Etats-Unis ont réduit à néant avec leurs bombes atomiques les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, le 6 août pour la première et le 9 pour la seconde. 

Plus de 210 000 personnes ont succombé et des milliers d’autres sont demeurées mutilées.

Saviez-vous que 70 à 75 % de l’uranium dont les USA ont eu besoin pour les recherches nécessaires à la mise au point des armes atomiques de l’époque provenaient du Congo, à ce moment colonie belge ? L’artisan du transfert de l’uranium congolais vers New York était Edgar Sengier, à la tête de la puissante Union Minière. Le gouvernement belge en exil à Londres a en outre signé en septembre 1944 un accord dans lequel ils permettait aux Américains et aux Britanniques d’acquérir le droit exclusif sur cet uranium. 

La Belgique espérait de cette manière pouvoir bénéficier des avantages scientifiques de la recherche de l’uranium. C’est la Belgique qui a continué à vendre aux USA cet uranium originaire de la province du Katanga. Et ce jusqu’à l’indépendance du Congo en 1960.

La base d’appui pour un monde sans armes nucléaires apparaît aujourd’hui plus grande que jamais. En 2017, 122 pays ont déjà donné leur accord à un traité qui interdit pareilles armes. Avec ce traité, les pays prohibent l’utilisation, la menace d’utilisation, le développement, les essais, la fabrication, l’acquisition, la possession, le stockage et le transfert d’armes atomiques. Actuellement, 40 pays ont déjà ratifié le traité. Il en faut encore dix et le traité entre en application. 

Notre pays, à l’instar des autres Etats membres de l’OTAN, n’était pas au rendez-vous.

En paroles, notre gouvernement accorde une grande importance au désarmement. Nous pouvons lire dans tout accord de gouvernement : ‘Le désarmement et la non-prolifération sont des préoccupations centrales de notre politique de sécurité. Nous souscrivons énergiquement à tous les efforts dignes de foi et orientés vers le résultat – de préférence dans un contexte européen – avec l’œil sur un désarmement effectif et équilibré dans le monde, aussi bien dans le domaine nucléaire que dans celui des armes conventionnelles’. Lorsque 122 pays parviennent à joindre leurs efforts pour un monde sans armes nucléaires, qu’attend donc notre gouvernement ? Après 75 années, il est plus que temps d’extirper les armes nucléaires de ce monde !

En 1987, le traité INF (Intermediate-Range Nuclear Forces) interdisait les armes atomiques en Europe. Avec ce traité, l’Europe n’avait plus à craindre un « affrontement nucléaire » en plein milieu de sa population, dont la densité moyenne est de 114 habitants par km2. Mais maintenant le président américain Donald Trump refuse de donner à cet objectif un caractère permanent pour 2021. En outre, il a dénoncé le traité INF en 2019, ce qui nous amène à craindre une nouvelle ère de tensions et une nouvelle course aux armements.

En juin 2019, les chefs d’état-major de l’armée américaine ont publié un document intitulé « Joint Publications. Nuclear Operations ». On peut y lire à la « Référence : JP-3-72» que le concept de proposition de l’utilisation des armes atomiques dans un sens hypothétique ou tactique est sans équivoque infirmé. On y affirme ni plus ni moins que l’intégration de l’usage d’armes nucléaires avec des forces d’opérations conventionnelles et spéciales est essentielle au succès de n’importe quelle mission ou opération. Il est donc clair que dorénavant les armes nucléaires peuvent être utilisées comme n’importe quelle autre munition aussi longtemps que le but militaire requis est une victoire.  

Avec le transfert de 1000 à 2000 soldats américains sur le sol belge, le stationnement de têtes nucléaires à Kleine Brogel et l’installation de nouvelles armes atomiques dans les avions B61-12, la Belgique confirme nettement qu’elle est un centre névralgique de la politique nucléaire de Trump en Europe.

Si l’on jette un œil sur la nouvelle doctrine nucléaire de Donald Trump, qui prévoit l’utilisation de la bombe atomique « non plus comme une stricte dissuasion », mais bien en lien avec une intervention militaire offensive, on ne peut que constater que la Belgique est une cible privilégiée en cas de guerre nucléaire. Il est nécessaire et même urgent de mettre fin à la logique de guerre nucléaire de l’OTAN.  

Nous soutenons l’appel de la plateforme No Nukes, dont intal fait partie (https://nonukes.be/nl/opreop/) et nous demandons que la Belgique :

  1. Signe et ratifie le traité de l’ONU qui interdit les armes nucléaires.
  2. Retire les armes atomiques qui sont actuellement stationnées à Kleine Brogel.
  3. Interdise légalement le déploiement de nouvelles armes nucléaires, en particulier dans les B61-12.
  4. Interdise toute capacité d’attaque nucléaire pour les avions de combat actuels et futurs.

A côté de cela, nous exigeons que la Belgique se retire de l’OTAN.