Deux mille cinquante cinq essais nucléaires et leurs conséquences aujourd’hui
Plus de 2000 essais nucléaires ont été effectués entre 1945 et 1996, dont la moitié (1032) par les seuls Etats-Unis.
La bombe ayant détruit Hiroshima, sur un rayon de 3km et provoqué 200 000 morts, avait une puissance estimée entre 12 et 15 kilotonnes de TNT (+/- 60 térajoules). En 1954 les USA testent une bombe de 15 mégatonnes de TNT, soit 1.000 plus puissante que celle d“Hiroshima ; en 1961, l’URSS renchérit avec un essai d’une bombe équivalent à 3.000 bombes d’Hiroshima.
La puissance cumulée des bombes testées tout au long de ces 5 décennies est estimée à 2.100.000 TJ : plus de 33 000 fois la bombe d’Hiroshima
Jusqu’en 1962 (1996 pour la France) les essais sont essentiellement pratiqués dans l’atmosphère, avec des conséquences environnementales et sociales à très long terme. L’atoll de Bikini, évacué pour les essais en 1946, reste inhabitable. Dans les Îles Marshall, le béton posé par-dessus les déchets issus de dizaines d’essais commence à se fissurer, et personne ne sait comment la structure résistera à la montée des eaux provoquée par le réchauffement climatique. Plusieurs dizaines d’îles de la Polynésie française sont touchées par les retombées radioactives. L’Etat français n’a reconnu sa responsabilité qu’en 2019.
En octobre 1963 est signé à Moscou le Traité d'interdiction partielle des essais nucléaires (TIPE) entre l’URSS, les USA et le Royaume Uni. Le traité est supposé interdire tous les essais à l’exception des essais souterrains, sous certaines conditions. Ce qui pourrait apparaître comme un pas important vers le désarmement nucléaire, était en même temps une tentative des puissances nucléaires d’empêcher certains États de mettre au point leur propre arsenal atomique. La France et la Chine l’ont dénoncé comme tel, et ne l’ont pas signé. Il est intéressant de noter que la France a ratifié le Traité d’interdiction complète des essais (1996) juste après avoir mis à niveau son arsenal avec une dernière série d’essais nucléaires.
En 1990, l’Union soviétique annonça un moratoire unilatéral sur les essais nucléaires, petit à petit suivi par les principales puissances nucléaires : le dernier essai nucléaire britannique eu lieu le 26 novembre 1991, celui des USA le 23 septembre 1992 ; la France et la Chine ont effectué leurs derniers essais en 1996. L’Inde et le Pakistan (1998) et la Corée du Nord (2006-2016) sont depuis les seuls pays à avoir réalisé des essais nucléaires.
Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) a été adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 septembre 1996. En date du 1er mars 2020, 184 nations l’avaient signé ; mais plusieurs puissances nucléaires, dont les USA, Israël et la Chine, ne l’ont toujours pas ratifié, ce qui en empêche la mise en application effective.
Les essais nucléaires sous-critiques, n’allant pas jusqu’au déclenchement d'une réaction en chaîne, permettent de continuer le développement de l'arsenal nucléaire, tout en respectant formellement le moratoire et le TICE. Le 13 février 2019 les USA réalisaient leur 29e essai sous-critique.
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Résumé:
Plus de 2500 essais nucléaires ont été réalisés entre 1945 et 1996, représentant une puissance cumulée de 33.000 fois la bombe d’Hiroshima, essais atmosphérique ou souterrains, avec toutes les conséquences environnementales et sociales. L’atoll de bikini, par exemple, reste toujours actuellement inhabitable.
Des traités sur ces essais interviennent à partir de 1963 pour les limiter mais aussi pour empêcher l’apparition de nouvelles puissances nucléaires:
Traité d’interdiction partielle des essais nucléaires (TIPE - 1963), non ratifié par la France et la Chine
Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE - 1996), non ratifié par les USA, Israël et la Chine.
Depuis, des essais nucléaires sous-critiques (n’allant pas jusqu’à la réaction en chaîne) sont utilisés pour continuer le développement de l’arsenal nucléaire.